Yann Poulain

Scientifique de formation, destiné à devenir opticien comme son père, Yann Poulain est un méthodique rationnel. Passionné de jeux de briques dans sa petite enfance, il élabore alors ses premières constructions. Et à l’âge de raison, il les réalise avec les moyens du bord, façon système D, dans le jardin de la maison familiale. C’est là, qu’il se découvre une passion pour le travail du bois… Petit fils d’un violoniste amateur, Yann étudie aussi l’architecture de l’instrument du grand-père avec de plus en plus d’intérêt… Jusqu’à commander son premier établi et quelques gouges pour son treizième Noël.

Rigoureux, l’adolescent s’informe sur les essences qui font les instruments et trouve le bois adéquat sur lequel il s’exerce à la maîtrise des outils. Minutieusement, il fabrique son premier violon. « J’ai toujours aimé travailler en solitaire, pour aller plus loin dans la réflexion, être bien certain de mes décisions » , sourit-il. Ses parents s’imaginent que ce n’est qu’un passe-temps. Mais Yann Poulain en a décidé autrement.

Après son bac S, il s’engage dans une formation accélérée d’ébénisterie afin d’être « à l’aise dans l’ouvrage » ; puis il intègre l’école de Newark en Angleterre. Diplômé luthier à 21 ans, il sera assistant en Angleterre, à Berlin puis à Nantes avant de choisir Montpellier « pour la notoriété de ses ateliers de fabrication » . Quatre années durant, il affine ses connaissances avant d’ouvrir son entreprise en 2005, à l’âge de 26 ans.Dans son petit atelier, place Sainte-Anne, Yann Poulain signe aujourd’hui une dizaine de violons, violoncelles et altos par an. Discret, il mène son ouvrage avec sérieux, habité par une joie intérieure qui rayonne quand il parle de ce métier qui offre « toujours matière à chercher. Du point de vue technique ou historique, dans le dessin, la sculpture, la science du vernis » .

Dans ses mots, l’ouvrage est un plaisir : « La lame chante sur les bois qui ont chacun une sonorité si particulière et une brillance différente sous la coupe » … Le parfum de l’épicéa, le grain de l’érable, la couleur ocre du saule, la dureté de l’ébène… Le moindre geste ouvre aux sensations et l’esprit se nourrit à tout instant. Comme il se stimule entre luthiers du quartier. Car, à Sainte-Anne, Yann est voisin direct de ses confrères Frédéric Chaudière, Nicolas Gilles et Wolfram Neureither. Amis, complices et associés pour mener l’Académie internationale de musique de Montpellier, ce quatuor d’artisans aime à échanger ses impressions sur le métier, discuter de savoir-faire, partager leurs façons et découvertes ou encore construire ensemble un violoncelle pour renflouer les caisses de leur association.

Et c’est donc naturellement à eux en premier que Yann Poulain a soumis sa théorie concernant le « ventral pin » des violons de Crémone… Un nombril qui serait en fait la simple marque d’une cale. En référence aux techniques des ébénistes de l’époque : « N’ayant que peu d’étau ou de presse, ils travaillaient en butée » , précise le jeune chercheur. En faire une question de pratique, l’hypothèse Poulain tient de la pure logique. « Au XVIIIe siècle, le luthier n’était pas un artiste mais un ouvrier dans de gros atelier et les outils étaient difficiles à acquérir. »

source: personal website

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